Pierre-Jean David, dit David d'Angers (1788-1856)
Cheverus portant des consolations aux sauvages
Bas-relief en terre cuite
1845
52 x 94 cm
Victor Pavie ; par descendances
Estimation : 20.000 / 30.000 €
Prix au marteau : 29.000 €
N° de lot : 81
OEuvres en rapport :
-Pierre-Jean David, dit David d’Angers, Monument au cardinal de Cheverus, 1844, bronze, H.274 cm, Mayenne.
-Pierre-Jean David, dit David d’Angers, Cheverus portant des consolations aux sauvages, 1844, bas-relief en plâtre, modèle original, 55 x 100 cm, don de l’artiste à la ville d’Angers en 1845, Musée des Beaux-Arts d’Angers, n°inv. MBA 845.10 ;
-Esquisse en plâtre de la statue, H. 52 x 22 cm, don de madame Laferme.
« Dis donc, pourquoi n’as-tu pas assisté à l’inauguration de la statue de Cheverus ? Le caractère de ce prêtre devait être compris par toi, car il était tolérant et plein de charité pour la pauvre et infirme humanité. Il a bien fallu, d’ailleurs, qu’il m’apparût sous cet aspect, car je choisis mes héros ! » (David d’Angers, lettre du 12 Aout 1850 à Victor Pavie, lettre CCXLVI.
Ce commentaire écrit à propos du monument que David d’Angers érige en l’honneur du Cardinal de Cheverus (1768-1836) résume parfaitement les fondations de l’ensemble de ses créations : le choix très personnel et autodidacte de commémorer des personnages historiques et contemporains qu’il juge digne de distinction et d’hommage.
En 1842, il indique dans une de ses correspondances : « J’ai mis en train le monument de M de Cheverus. ; je le terminerai à mon retour à Paris. Ce travail m’intéresse beaucoup. C’était un homme tout à fait digne d’être mis en parallèle avec Fénelon. Il y avait entre eux une grande similitude, quant aux sentiments d’humanité… ».
À la demande de la Ville de Mayenne, ville natale du Cardinal de Cheverus, le plus célèbre sculpteur de l’École romantique exécute une statue colossale du prêtre appelé en Amérique par l’abbé François-Antoine Matignon en 1796 et dont le rôle influent pour la fondation de l’Église catholique de Boston, avec la construction de la première église de la ville, lui a valu sa nomination au siège de l’épiscopat en 1810. Rappelé en France par le roi Louis-Philippe en 1823, il est nommé évêque de Montauban en 1824, puis de Bordeaux en 1825. Devant ses actions héroïques, il est même nommé Pair de France par Charles X, conseiller d’État en 1828, enfin, Commandeur de l’Ordre du Saint-Esprit en 1830. Après la révolution de 1830, il se distingue encore par un asservissement héroïque auprès des malades du Choléra qu’il accueille dans le palais épiscopal pour les soigner. En 1832, il est nommé Cardinal de la Sainte-Trinité-des-Monts par le Pape. Il expire en 1836 à Bordeaux.
La statue monumentale du prélat est accompagnée par quatre scènes en bas-reliefs saluant son rôle de missionnaire et ses vertus évangéliques. Notre terre cuite relate précisément la mission d’évangélisation qu’il a menée en Amérique pendant plusieurs mois chez les Indiens de Passamaquoddy et de Penobscot.
En Avril 1844, le sculpteur détaille les trois autres scènes qu’il a choisi dans la Vie du cardinal de Cheverus, Archevêque de Bordeaux publié en 1837 : « Je termine les bas-reliefs du monument du Cardinal de Cheverus. Deux sont déjà terminés : ils représentent l’évêque pansant un vieux nègre et un marin rencontrant, au retour d’un voyage, le noble prélat chargé d’un fagot de bois destiné au foyer de la femme du marin gravement malade. Dans un troisième bas-relief, au lieu de représenter l’évêque bénissant, à Bordeaux, les enfants des écoles mutuelles, je rappellerai l’instant où, arrivant sur les côtes de France, le bâtiment qui le portait fut assailli par une tempête. On verra l’équipage et les passagers rassurés par le prêtre et recevant une bénédiction. Ce drame me parait plus saisissant. »
Si les plâtres originaux ont été offerts à la Ville d’Angers par l’artiste en 1845, c’est à son fidèle ami Victor Pavie qu’il a offert la même année ce bas-relief en terre cuite, accompagné de deux des trois autres scènes (Le quatrième relief s’étant brisé à la cuisson).
David d’Angers écrivit au maire de Mayenne, en 1842 : « Je ne connais rien de plus touchant que ces épisodes, c’est cela que je veux graver dans le bronze, pour rappeler aux âges futurs que Cheverus, c’est la bonté, c’est l’humanité ».
