Charles Henri Joseph Cordier (1827-1905)

Cheik arabe du Caire

Vers 1866
Chef-modèle en bronze à patine brune

H. 47 cm (dont piédouche en bois noirci H. 14 cm)

Famille de l’artiste par descendance.

Estimation : 20.000 / 30.000 €

Prix au marteau : 120.000 €

N° de lot : 127

Littérature en rapport :

Les deux têtes en bronze que nous présentons s’inscrivent dans un corpus d’œuvres de Charles Cordier qui, outre sa production plus académique répondant aux commandes officielles et privées, s’intéresse tout au long de sa vie à l’étude de la diversité humaine. Tout en gardant l’idée scientifique de l’étude ethnographique, Charles Cordier s’attache à montrer au public, au lendemain de l’abolition de l’esclavage, « l’ubiquité du beau ». Au fils de ses voyages, Cordier, en humaniste, bouscule avec audace les idées reçues de cette fin de siècle conformiste pour donner à voir la belle singularité des peuples à travers le monde.
En s’appuyant sur ces études de « morphotype » qu’il rapporte de ces voyages, Charles Cordier va créer un ensemble de sculptures associant marbre polychrome, onyx, émaux, bronze ou argent d’une grande nouveauté et d’un grand luxe.
Nos deux têtes en bronze d’arabes d’Algérie et d’Égypte sont des découvertes. Conservées dans une des branches de la famille de l’artiste, on en soupçonnait l’existence sans en avoir retrouvé la trace. Il s’agit de chefs-modèles, c’est-à-dire de premier tirage exécuté par l’artiste pour servir de référence aux différents exemplaires fondus par la suite. Ce statut leurs donne une importance toute particulière : ces modèles ont pour vocation d’être parfait en tout point. La qualité irréprochable de la fonte, de la patine et des ciselures à froid doit servir d’exemple et d’étalon pour la suite de la production. Enfin, alors que Cordier habille ces modèles d’ornements, de coiffes, d’onyx ou de marbre, nous avons ici l’occasion de voir « à nu » l’œuvre du maître.

Œuvres en rapport :
-Charles Cordier, Cheik arabe du Caire, 1866, buste en plâtre, non localisé ;
-Charles Cordier, Chaik arabe du Caire, après 1866, buste en bronze et marbe-onyx, H. 94,2 x L. 58,5 x P. 41 cm, Amsterdam, musée Van Gogh, inv. 106 S / 1996.

En 1966, après avoir obtenu une bourse de l’Etat et grâce à la vente d’une partie de son atelier à l’Hôtel Drouot l’année précédente, Cordier part pour l’Égypte de janvier à septembre. Il en rapporte sept études de têtes en plâtre dont le Cheik arabe du Caire. L’artiste en présente une version en bronze lors de l’Exposition universelle de 1867. En plus du plâtre aujourd’hui non localisé, neuf versions différentes sont répertoriées, appariées pour la plupart avec la Juive d’Alger. Tous les exemplaires connus sont en buste, drapés et la tête ornée d’un turban. Notre bronze est inédit, unique de par sa destination de chef-modèle et c’est, au-delà de ses grandes qualités plastiques, un important document nous permettant d’être au plus près de la genèse de l’œuvre dont on ne connait que des versions « augmentées » d’accessoires vestimentaires.

17 décembre 2021 Ader Nordmann Hôtel Drouot, salle 1
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