Emile-Antoine Bourdelle (1861-1929)
Baiser à la Rose ou le rêve, deuxième épreuve
Épreuve en bronze à patine brune nuancée de vert
Signé « Emile Bourdelle » sous l'épaule gauche
Porte au revers le cachet du fondeur 'Thiébaut Frères, Fumière et Gavignot, St Paris' et l'inscription « 2e épreuve »
On y joint la copie de la facture d'achat de 1916 auprès de Thiébaut Frères, Fumière et Gavignot
H. 31 cm
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Estimation : 15.000 / 20.000 €
Prix au marteau : 24.000 €
-Antoinette Le Normand-Romain, «Devenir Bourdelle», in Revue de l'Art, 1994, n°104, pp.30-39
Lot n° 112
Oeuvres en rapport :
– Emile-Antoine Bourdelle, Baiser aux Volubilis, 1900, dim. 41, 5 x 41 , 6 x 48 cm, bronze , fonte de Valsuani, n°2, Paris , musée Bourdelle, MB br. 418 ;
– Emile-Antoine Bourdelle, Le Baiser, marbre, 1907, signé Bourdelle, H. : 24 cm, Montauban, Musée Ingres, MI.99.3.1 ;
– Emile-Antoine Bourdelle, Masque de jeune fille, Le Baiser, biscuit de porcelaine dure, H.42 x 54 cm, Limoges, musée national Adrien Dubouché, n°inv. ADL9502.
L’artiste Antoine Emile Bourdelle a découvert la sculpture auprès de son père menuisier ébéniste à Montauban. Ayant obtenu un prix et une pension des Villes de Toulouse et de Montauban, le jeune homme tente sa chance et s’installe à Paris en 1884. Il suit les cours de Falguière à l’École des Beaux-arts tout en exposant immédiatement des oeuvres au Salon. Il se dégage toutefois rapidement de la formation traditionnelle de l’École des Beaux-Arts, et connait des années difficiles où il gagne sa vie en réalisant des bustes. Dans les années 90, il reçoit le soutien salvateur de la veuve de l’historien Michelet et rencontre Rodin qui l’intègre dans son atelier en 1893. Il devient l’un de ses collaborateurs les plus appréciés et l’influence du maître se fait durablement ressentir dans son OEuvre, notamment dans son art du portrait et de la représentaiton du corps féminin agrémenté d’accessoires. Ses sculptures au tournant du siècle relèvent d’un symbolisme teinté d’Art nouveau, comme le manifeste parfaitement le Baiser à la rose. L’oeuvre, inspirée du thème rodinien du Baiser, reflète la quête de volupté chère à Bourdelle. Elle s’inscrit aussi dans un travail qui commence en 1899 avec la présentation d’un marbre intitulé Visage d’Amour au Salon national des Beaux-Arts puis en 1905 à la Galerie Hébrard. Le modèle de ce visage de femme renversé langoureusement en arrière, les yeux clos et les lèvres jointes pour offrir ou recevoir un baiser invisible a en effet servi pour de nombreux oeuvres avec variantes, édités en différents matériaux, -grès, biscuit, marbre ou bronze- et sous de nombreux titres : Amoureuse, le Baiser à la rose, le Baiser aux Volubilis ou encore le Rêve, titre indiqué sur la facture qui accompagnait notre bronze. Il associe en effet ici une image de la femme sensuelle et un attribut floral et frivole. Ici, le traitement résolument impressionniste est rendu à merveille par la grande qualité de la fonte des Frères Thiébaut, la douceur des modelés et l’anatomie à peine indiquée. Cette recherche d’onirisme témoigne de l’influence d’autres prestigieux artistes contemporains, tels Carrière ou Rosso. Notre bronze, issu d’un modèle daté de 1907, n’a été fondu qu’à trois rares exemplaires par la fonderie Thiébaut Frères et Fumière et Gavignot ; le nôtre est daté de 1916.