Naoum Aronson (1872-1943)

Baigneuse, dit aussi Le désespoir de Salomé

Marbre blanc

53 x 59 x 31 cm

Provenance : Collection particulière, Paris

Estimation : 20.000 / 30.000 €

Prix au marteau : 20.000 €

N° de lot : 152

Littérature en rapport :

Né à Krāslava, actuelle Lettonie, Naoum Aronson réalise sa première formation à l’école de dessin de Vilnius avant de partir étudier à Paris en 1891. Il y intègre l’académie Colarossi, puis l’École des arts décoratifs où il suit l’enseignement d’Auguste Rodin. Il s’installe définitivement dans la capitale en 1896 et participe aux expositions internationales, obtenant la médaille d’or à Liège en 1905, et exposant régulièrement à la sécession de Berlin ainsi qu’au Salon de la Société nationale des Beaux-arts. S’il assoit sa réputation à travers de nombreux bustes de personnalités tels Chopin, Pasteur, Beethoven ou Tolstoï, notre imposante sculpture appartient à la part symboliste de sa production en faisant émerger du bloc de marbre le nu voluptueux d’une jeune femme assise, les yeux clos, telle une baigneuse accueillant l’écume des vagues sur sa peau nacrée. La composition peut également être rapprochée du désespoir de Salomé, iconographie singulière d’inspiration biblique qui a fait l’objet de plusieurs versions réalisées par l’artiste dans différents matériaux au cours de sa carrière. Celle en marbre noir, vraisemblablement postérieure à la nôtre, a ainsi été acquise par l’État lors de son exposition au Salon de 1924, intégrant alors le musée du Luxembourg avant de rejoindre le musée d’Orsay. Sans doute en partie inspiré par la pièce de théâtre d’Oscar Wilde ou l’opéra de Richard Strauss, Aronson nous décrit les angoisses intimes d’une Salomé prise de remords, repliée sur elle-même comme pour masquer pudiquement sa chair nue dont la séduction sulfureuse eut pour toute récompense la décapitation de saint Jean-Baptiste. Profondément influencé par Rodin et grand admirateur de Michel-Ange, le sculpteur fait ici surgir sa composition d’un bloc de marbre à peine dégrossi, qui a la particularité d’avoir été photographié dans son atelier, en cours de réalisation. Le sujet fournit le prétexte à une mise en valeur sensuelle des lignes du dos et de la nuque, à l’image des nus d’Alfred Boucher ou de la célèbre Danaïde de l’auteur de la Porte de l’Enfer.

26 novembre 2024 Artcurial Paris
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