Île-de-France, Dernier quart du XIIIe siècle

Ange musicien

Sculpture en ronde bosse en pierre calcaire

74,50 cm

Acquis en juillet 1948 sur le marché de l'art parisien; Ancienne Collection Joseph Altounian

Estimation : 60.000-80.000 €

Prix au marteau : 60.000 €

Littérature en rapport :M. Beaulieu, «Une tête d'ange provenant du prieuré royal de Saint Louis de Poissy», in Fondation Eugène Piot, Monuments et Mémoires publiées par l'Académie des inscriptions et Belles Lettres,1953;
A. Erlande Brandenburg, «A propos d'une tête d'ange provenant de la prioralede Saint Louis de Poissy», in Mélanges offerts à Hubert Landais: art, o bjets d'art, collections, Études sur l'art du Moyen Age et de la Renaissance, sur l'histoire du goût et des collections, 1987, p.36-38;
A. Erlande Brandenburg, «S tatues d'anges provenant de la priorale Saint-Louis de Poissy», in Fondation Eugène Piot, Monuments et Mémoires publiées par l'Académie des inscriptions et Belles Lettres, 69, pp.43-60;
C. Brezilius et J. Meredith, The Brummer Collection of Medieval Art, The Duke University Museum of Art, Durham and Londres, 1991, notice 21, p.201-202; Paul Williamson, Gothic Sculpture 1140- 1300, New Haven Londres, 1995 p.173;
F. Baron, Musée du Louvre, Département des Sculptures du Moyen Age de la Renaissance et des Temps modernes, Sculpture française, t.1, Moyen Age, Paris, 1996, p.101;
R. Suckale, «Réflexions sur la sculpture parisienne à l'époque de Saint Louis et de Philippe le Bel», in Revue de l'Art, 1280 (2), p.33-48 et 2000, p.43-44;
Ss dir. D. Gaborit-Chopin, L'Art au temps des rois maudits, Philippe le Bel et ses fils, 1285-1328, Paris, Galeries Nationales du Grand Palais, 1998; pp.52- 57; pp.62-71; notices 42 et 43, pp.89-94 M. Schlicht, «Un chantier majeur de la fin du Moyen Âge, La Cathédrale de Rouen, vers 1300, Portail des Libraires, portail de la Calende, chapelle de la Vierge», in Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, t.XLI, 2005, pp.265-270;
Musée des Beaux-Arts et d'archéologie de Châlons en Champagne, Musée du Louvre, Département des sculptures, Regards sur l'art médiéval, collections du musée du Louvre et des musées de Chalons-en-Champagne, catalogue de l'exposition tenue du 1er juillet 2005 au 15 janvier 2006, Manufacture communication, Nancy, 2005;
Ss dir. C. T. Little, Set in stone. The Face au Medieval Sculpture, catalogue de l'exposition tenue au Metropolitan Museum of Art, 2006, notice 16, pp.54-56;
M. Cohen, X. Dectot, Paris, ville rayonnante, Musée de Cluny Musée nationale du Moyen Âge, catalogue de l'exposition tenue du 10 février au 24 mai 2010;
P.-Y. Le Pogam, «Angel blowing a Trumpet», dans le catalogue de l'exposition A royal Marriage, Elisabeth Premyslid and John of Luxembourg,
1310, éditeur Mlara Bebesovska, Muzeum hlavniho mesta Prahy, Prague, 2011, Notice II.3.9K pp.124 et 125;
P.Y Le Pogam, C. Vivet-Peclet, P. Bélaval, Saint Louis, du 8 octobre 2014 au 11 janvier 2015, catalogue de l'exposition tenue à la Conciergerie Paris, Éditions du Patrimoine, CMN, Paris,2014, N°24 p.208 et p.38.

Réalisé sous le règne de Philippe le Bel, cet ange aptère en pierre calcaire de très belle qualité est considéré comme l’un des fleurons de la collection Altounian, dans laquelle il a été précieusement conservé jusqu’à aujourd’hui.

Pieds nus, se dressant en contrapposto et la jambe droite légèrement rejetée vers l’arrière, il est vêtu d’une longue tunique blousante au-dessus de la ceinture. Il est recouvert d’un manteau ayant délicatement glissé de son épaule droite dont un pan remonte en tablier sur l’avant, coincé par son coude gauche. Son visage juvénile et serein est encadré d’une coiffure aux lourdes boucles stylisées retenues par un bandeau. Ses joues sont gonflées par l’action de souffler dans un instrument à vent aujourd’hui disparu.

Comme l’indique la correspondance de Joseph Altounian, cette œuvre est un rare témoignage de la production gothique du Nord de la France :« J’ai acheté Quai Bourbon une magnifique petite sculpture d’environ 80 cm de haut, un petit musicien du XIIIe venant de Reims, c’est une chose unique (…) J’ai fait faire 4 photos de tous les côtés ».

Après son acquisition en 1948, l’œuvre fait l’objet d’une première étude dans l’important ouvrage de J. Boccador et E. Bresset (voir biographie plus haut). La sculpture est alors considérée comme un ange thuriféraire du XIVe siècle à l’origine champenoise.

Depuis, les nombreuses publications et une meilleure lisibilité de l’œuvre obtenue grâce la restauration menée en 2017 par madame Juliette Levy, permettent d’étayer l’hypothèse de sa datation, de son lieu de production, ainsi que de sa fonction.

Le drapé tombant en plis fortement creusés sur le côté droit prononce la posture déhanchée du personnage céleste d’une manière largement diffusée sur les chantiers de la moitié nord de la France dans les dernières décennies du XIIIesiècle, de Reims à Rouen, en passant par Paris. On peut ainsi citer à titre de comparaison les anges en bois de l’ancienne collection Charles Timbal conservé au Louvre (N°Inv. RF 593) et du Glencairn Museum à Bryn Athyn (N°inv.12.SP.19).

La forme en amande de ses yeux se rapproche de celle visible dans un certain nombre d’œuvres produites en Île-de-France à la toute fin du XIIIe siècle. Le dessin de la paupière inférieure légèrement gonflée est rectiligne. La paupière supérieure en forme de croissant de lune horizontale est soulignée par le même double tracé sur le visage de l’ange conservée à Cluny (N°inv. Cl. 23.246) ou celui de l’ancienne collection Angoulvent.

Ses cheveux aux épaisses mèches ondulantes stylisées sont retenus par un fin bandeau caché sur le devant par des boucles plus fines tout le long du front. Cette coiffure est reprise, à quelques variantes près, dans les figures d’anges de différents

17 septembre 2019 Artcurial Hôtel Dassault - 7 Rond-Point des Champs Elysées
Voir le diaporama