Aimé-Jules DALOU (Paris, 1838 - 1902)

Bacchanale, étude pour la fontaine du jardin Fleuriste d’Auteuil

Haut-relief en plâtre de forme ronde

Expositions : 'Les trésors retrouvés des ateliers d'artistes au temps de Rodin. Collection Charles Auzoux 1870-1910', Paris, Louvre des Antiquaires, 5 mai - 10 septembre 1995, p. 65, n° X-29, repr. p. 7 et p. 20

D. 114 cm

Exécuté par le sculpteur pour orner la cheminée de la salle-à-manger de Fontaine-Bellenger ; Collection Charles Auzoux ; Puis par descendance

Estimation : 150.000 / 200.000 €

Prix au marteau : 140.000 €

N° de lot : 208

Littérature en rapport :Amélie Simier, 'Jules Dalou, le sculpteur de la République', cat. exp. Paris, Petit Palais, 2013, mentionné p. 192

La ‘Bacchanale’ de Dalou, à l’instar du ‘Triomphe de Silène’, figure au nombre des œuvres monumentales de l’artiste créées en dehors de toute commande, preuve de sa formidable confiance en lui et en son travail. C’est en 1879, lors de son exil à Londres, que le sculpteur propose au Salon de la Royal Academy une première version de ce groupe. Très proche de notre tondo, elle présente déjà, dans un médaillon de grand format, deux faunes et deux jeunes femmes dénudées semblant se réjouir dans l’excès et la débauche, les premiers cherchant à obtenir les faveurs des secondes. La fille de sir Edgar Boehm, sculpteur et ami fidèle de Dalou lors de ses années passées outre-Manche, fit don au musée de South Kensington, actuel Victoria & Albert Museum, de cette séduisante première version.

Dalou fait renaitre ce modèle au début des années 1890, alors que le projet d’une fontaine destinée au Fleuriste municipal, un jardin crée à Auteuil pour fournir les plantations de la Ville de Paris, lui est confié. Avant cela, l’artiste en présente un modèle en plâtre au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts de 1891, présentant des rares variantes avec le plâtre du Victoria & Albert Museum : les anatomies sont simplifiées et le fond épuré, donnant à l’objet une plus grande nervosité, une force brute à l’effet époustouflant. La composition de notre objet est largement inspirée de l’art flamand du XVIIe siècle, des peintures de Pierre-Paul Rubens et de Jacob Jordaens, devant lesquelles Dalou tomba en pamoison lors d’un voyage à Bruxelles en 1875. Il atteste également de la filiation avec Jean-Baptiste Carpeaux, que notre artiste admirait.

L’œuvre est achetée par l’Etat à la suite de son exposition et l’exécution en pierre est achevée en juin 1897. Deux ans plus tard, Dalou sollicite l’administration parisienne afin d’en faire des reproductions. La ville lui concède cette possibilité, pourvu que les versions éditées ne dépassent pas les deux tiers de la dimension d’origine. Quelques rares versions en plâtre sont alors réalisées et Charles Auzoux en commande une sur-mesure à son ami afin d’orner sa salle à manger à Fontaine-Bellenger. Notre plâtre original, nettoyé au moment de l’exposition au Louvre des Antiquaires de 1995, témoigne de la passion de Dalou pour ce modèle ainsi que de sa virtuosité dans le travail de ce matériau.

24 mars 2022 Artcurial Hôtel Marcel Dassault, 7 rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris
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