Un Russe à Venise
Gazette Drouot n°41
Vendredi 21 novembre 2025
Alors que les amateurs sélectionnaient ce tableau de Bogolioubov, le château de Versailles préemptait un lampas destiné à Marie-Antoinette.
Cette vente généraliste, qui récoltait 577 245 € de produit global, profitait à Alexeï Petrovitch Bogolioubov (voir Gazette n° 39, page 52), dont cette Vue de Venise conservée dans la descendance du baron Ury de Günzburg (1840-1914) doublait son estimation haute pour atteindre 139 715 €. Cet ancien officier de la Marine russe, diplômé de l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg en 1853, a fait le tour de l’Europe pendant sept ans. Découvrant la cité des Doges à l’automne 1854, il est émerveillé par ses lumières et y séjournera à plusieurs reprises, immortalisant ce spectacle grandiose offert aux peintres et exprimant son admiration dans un livre, Notes d’un marin-artiste (novembre 1888). Son talent lui vaudra de recevoir l’ordre de Dannebrog pour un tableau de 1867 exécuté pour la reine du Danemark, figurant l’église Santa Maria della Salute la veille du pèlerinage commémorant la fin de l’épidémie de peste de 1630… grâce à l’intervention de la Vierge. La statue en pierre la représentant portant l’Enfant jouant avec un oiseau (h. 150 cm), sculptée en fort relief par un artiste de l’école bourguignonne à la fin du XVe siècle, était justement honorée de 38 115 €. L’après-midi était également marqué par une préemption du château de Versailles, dont la collection s’enrichit moyennant 19 065 € d’un lampas commandé pour les appartements de Marie-Antoinette. Trente-quatre couleurs ont été utilisées par la manufacture Charton à Lyon pour cette pièce tissée en 1779 d’après une composition de Jacques Gondoin (1737-1818), architecte et dessinateur du Garde-Meuble de la Couronne. Suspendus par des rubans noués à des rinceaux d’acanthe retenant des guirlandes florales, trois médaillons à décor de carquois, bouquets et instruments de musique y sont appliqués en broderie sur un fond satin crème pour créer l’illusion du relief. Un travail virtuose pour un décor au coût exorbitant de 100 000 livres de l’époque.
SAMEDI 15 NOVEMBRE, VERSAILLES. DE BAECQUE ET ASSOCIÉS OVV. MM. CHARRON, MARAVAL-HUTIN, CABINET LACROIX – JEANNEST.
