Pompon : l’oie fait sa loi

Gazette Drouot n°46
Vendredi 20 décembre 2024

D’une étonnante modernité, cet oiseau à la silhouette stylisée marchait fièrement vers une belle adjudication.

« Qu’a ouï l’ouïe de l’oie de Louis ? Elle a ouï ce que toute oie oit », disait Raymond Devos dans son fameux numéro « Ouï dire ». Si cette oie-ci n’est pas celle de Louis, on connaît en tout cas son créateur : François Pompon. C’est en 1926 que le sculpteur créa cette Oie version D, dernier état du modèle, à la base arrondie et lisse, dont la production commença la même année dans la fonderie Claude Valsuani. Une édition posthume fut encore réalisée par Valsuani à quinze exemplaires numérotés. Celui-ci ne l’étant pas, il s’agit certainement d’une fonte faite du vivant de Pompon. Sculptée en quelques lignes très pures, que rehausse une patine lisse et sans aspérités, l’anatidé à la tête relevée et aux formes synthétiques relevant autant de l’influence du japonisme que de celle de l’art égyptien, cacardait à 37 944 €.

Pompon se plaît à façonner des sujets animaliers depuis les années 1880, dans des formes simplifiées à l’extrême. Les animaux domestiques et ceux de la basse-cour sont ses sujets favoris, qu’il observe dans la campagne normande, où il fait l’acquisition d’une maison à Cuy-Saint-Fiacre (Seine-Maritime), non loin de celle de son ami René de Saint-Marceaux, sculpteur renommé. C’est d’ailleurs un Poulet en bronze qu’il expose au Salon de 1892, créant une polémique, le sujet étant jugé trop trivial. Pompon réitérera en 1910 avec un plâtre de l’Oie, dont le droit de tirage limité à quinze exemplaires est acheté par Hébrard. Le sculpteur revient ensuite sur ce modèle et propose deux variantes, dont celle-ci. Il lisse la surface du volatile et pose ses pattes à plat sur la base circulaire. Le nombre d’épreuves de cette édition n’est pas connu, les sculptures n’étants pas numérotées. Ainsi, d’autres restent à découvrir.

REIMS, SAMEDI 7 DÉCEMBRE. CHÂTIVESLE MAISON DE VENTES OVV. CABINET LACROIX-JEANNEST.

19 décembre 2024