GARE À LA VENGEANCE DES HARPIES !

Gazette Drouot n°15
Vendredi 18 avril 2025

Deux figures de harpies sont sculptées avec maestria dans ces consoles de marbre. Des éléments architecturaux à mettre en rapport avec l’art baroque italien et la manière de Rubens.

Destinées à être placées en hauteur dans un important décor architectural, ces deux consoles en marbre remontent au XVIIe siècle. Une période où la mythologie gréco-romaine, réintroduite à la Renaissance, inspire les artistes. Néanmoins, les harpies demeurent rares dans l’iconographie, leur image se diffusant véritablement dans les cortèges baroques du XVIIe . Ces divinités de la dévastation, filles du dieu marin Thaumas et de l’Océanide Électre, ont été envoyées par Zeus et Athéna pour punir les hommes mettant le roi des dieux en colère. Parmi les œuvres les représentant, citons La Madone aux harpies peinte par Andrea del Sarto en 1517 pour le couvent San Francesco de Macci à Florence, ainsi que les deux œuvres de Rubens et Érasme Quellin sur la Persécution des harpies, conservées au musée du Prado. Ces deux dernières étaient destinées au décor de la tour de la Parada, le pavillon de chasse de Philippe IV d’Espagne – construit vers 1635-1640 et détruit par un incendie en 1714. Nos caryatides étaient sans doute, elles aussi, associées à un décor de chasse. En témoignent les têtes de cerf visibles sur les jambes de nos créatures. Leur style se situe entre l’art baroque italien d’un Bernin et l’influence d’un Rubens. Peut-être peut-on chercher parmi les Flamands ou Hollandais, dans la sphère du sculpteur Artus Quellin, le frère d’Érasme ? Le nom de Rombout Verhulst (1624-1698) pourrait ainsi être avancé…

MERCREDI 23 AVRIL, ANGERS. ENCHÈRES PAYS DE LOIRE OVV. CABINET LACROIX-JEANNEST.

25 avril 2025