Joseph Chinard (1756 – 1813)

Relief dit « les Danseuses Borghèse »

1792
Terre cuite
Signé et daté ‘A Rome 1792’
Porte une étiquette avec l’inscription « Gourgaud »
Anciennes restaurations, petits accidents et manques

39,70 x 96,70 x 2,10 cm

Ancienne collection du Baron Gourgaud. Collection particulière, Belgique

Estimation : 50.000 - 60.000 €

Prix au marteau : 350.000 €

Littérature en rapport :Exposition :
Exposition d'oeuvres du sculpteur Chinard, de Lyon (1756-1813), Pavillon de Marsan (palais du Louvre), novembre 1909-janvier 1910, n°30

Bibliographie :
Vitry, Paul (1872-1941), catalogue de l’Exposition : Oeuvres du sculpteur Chinard, de Lyon (1756-1813), au Pavillon de Marsan (palais du Louvre), novembre 1909-janvier 1910, n°30, p.3.

Bibliographie en rapport :
-Boitel L., « Joseph Chinard », in Revue du Lyonnais, Lyon, 1835, vol.1, p. 471-475.
-Haskell & Penny, Taste and the Antique : The Lure of Classical Sculpture 1500-1900, New Haven et Londres, 1981, N°29, p.195 ;
-Collectif (sous dir. J.R. Gaborit), La révolution française et l’Europe, 1789-1799, Paris, RMN, 1989, p.524

Représentant cinq Grâces sous les traits de danseuses drapées à l’antique, ce relief en terre cuite témoigne de l’attachement de Joseph Chinard pour l’Antiquité.

Né en 1756 à Lyon, Joseph Chinard est élève de l’École Royale gratuite de dessin où il obtient de nombreux prix. Il prend goût pour le style antique lors de ses voyages à Rome où il remporte, notamment en 1786, le prix de sculpture de l’Académie de Saint Luc avec son Persée délivrant Andromède. Lors de son second voyage à Rome en 1792, il est arrêté et incarcéré au Château Saint-Ange pendant 2 mois pour avoir réalisé des œuvres jugées blasphématoires envers la religion : les candélabres à symbolisme républicain réalisés pour le négociant lyonnais Van Risemburgh ou Apollon foulant au pied la Superstition présentent des éléments iconographiques traditionnels au service des nouveaux idéaux de la politique révolutionnaire française.

C’est lors de ce séjour que Chinard, partisan des nouvelles tendances du néoclassicisme, a probablement interprété les célèbres Danseuses Borghèse présentées à la Villa Borghèse dans un nouveau décor réalisé par l’architecte néoclassique Antonio Asprucci (1723-1808).

L’original antique des Danseuses Borghèse, datant du IIe siècle de notre ère, représente les Heures accompagnées des Grâces ou des Charités. Le bas–relief est l’un des fleurons de la collection d’antiques de Scipione Borghèse (1587-1633). Le célèbre Johan Joachim Winckelmann écrivait dès le XVIIème siècle qu’il était « ce qu’il y a de plus parfait dans ce genre » [1]. Sur les conseils de Nicolas Poussin, Les Danseuses Borghèse sont même moulées en 1641 pour intégrer la collection de Louis XIII, avant que Napoléon 1er ne l’acquière pour le Louvre en 1807.  Il fut copié et réinterprété par de nombreuses générations d’artistes, tel François Anguier (Les Danseuses Borghèse, 1642, Londres, Wallace Collection, n° d’inv. S155).

Ce bas-relief s’inscrit dans le contexte des nombreux débats et conférences théoriques à l’Académie divisant les partisans du relief à l’antique et ceux du relief moderne qui multiplient les plans. On peu ainsi voir dans cette interprétation des Danseuses Borghèse de Chinard une sorte de manifeste prônant, dans cet exercice, une stricte référence à l’antique.

Chinard en supprimant les colonnes qui viennent sur l’original scander le rythme des danseuses simplifie encore la composition pour s’approcher au plus près de l’épure classique.

Rentré à Lyon, le sculpteur s’inspire des silhouettes dansantes du bas-relief pour réaliser La Liberté et l’Égalité (1793), commande pour le fronton de l’hôtel de ville (bas-relief, plâtre, Lyon, Musée des Beaux-Arts).

[1] Winckelmann : lettre à Stosch in Briefe, éd. par Walther Rehm, 1952-1957, Berlin, I, p.321

08 décembre 2017 Pierre Bergé & Associés - Paris Hôtel Drouot - Salle 5 et 6
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