Jean-Baptiste CARPEAUX (1827 -1875)

Le Génie de la Danse

Plâtre
Le modèle est conçu entre 1865 et 1869, notre exemplaire date d’avant 1927
Signé Carpeaux en lettres cursives sur la base
Porte le cachet en cuivre à « l’aigle impérial » PROPRIETE CARPEAUX

H : 220 cm ; Repose sur une base circulaire peinte à l’imitation du marbre (H : 82,5 cm)

Collection de Madame Louise Clément-Carpeaux jusqu’en 1927 - Collection Particulière Paris - Actuel propriétaire par descendance

Estimation : 100.000/200.000€

Prix au marteau : 100.000 €

Littérature en rapport :Exposition :
-Exposition centenaire de la naissance de Carpeaux, Musée des Beaux-Arts, Valenciennes, 1927.

Œuvres en rapport :
-Le Génie de la Danse, épreuve en plâtre, H : 220 cm ; Detroit Institut of Art, U.S.A, inv.1983.16
-La Danse, modèle en plâtre original, H : 232 cm ; Musée d’Orsay, Paris, inv.RF 818

Bibliographie en rapport :
-Carpeaux, 1827-1875 : Edition du centenaire, Valenciennes, Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, 1927;
-Louise-Clément Carpeaux, La vérité sur l’œuvre de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Paris, Dousset et Bigerelle, 1934-1935, t.1, p.154-155;
-Paul Vitry, La Danse de Carpeaux, Alpina, 1938 ;
-André Hardy, Anny Braunwald, Catalogue des peintures et sculptures de Jean-Baptiste Carpeaux à Valenciennes, Musée des Beaux-arts de Valenciennes, 1978, p.67;
-Laure de Margerie, Michel Beretti, La « Danse » de Carpeaux, musée d’Orsay du 14 février au 14 mai 1989, Musée des Beaux-Arts de Valenciennes du 26 mai au 9 juillet 1989, Paris, RMN, 1989;
-Michel Poletti, Alain Richarme, Jean-Baptiste Carpeaux, sculpteur. Catalogue raisonné de l’œuvre édité, Les Expressions contemporaines, 2003, Modèle répertorié sous le N°SA5, p.58;
-(sous dir.) Edouard Papet, James David Drapper, Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) un sculpteur pour l’empire, 24-juin – 28 septembre 2014, Paris, co-édition musée d’Orsay/Gallimard, 2014, pp.135-140.

En 1861, Charles Garnier (1825-1898) commence le chantier de l’Opéra de Paris. Ce projet, dont il a obtenu la commande de haute lutte après un concours réunissant cent soixante et onze architectes, sera l’un des plus importants chantiers du règne de Napoléon III.

Pour décorer la façade de l’ambitieux bâtiment, Garnier réunit les sculpteurs les plus en vue du monde artistique du moment. Ainsi, différentes allégories sont confiées aux ciseaux de François Jouffroy (1806 – 1882), Jean-Joseph Perraud (1819 – 1876), Jean-Baptiste Guillaume (1822 – 1905) et Pierre-Jules Cavellier (1814 – 1894). La défection de Cavellier voit Jean-Baptiste Carpeaux obtenir la prestigieuse commande du bas-relief illustrant la Danse.

Carpeaux, très rapidement jette sur le papier quelques idées à la plume et trouve l’agencement de son groupe. Un grand nu masculin figure le Génie de la Danse entouré d’une ronde de bacchantes. Le doux Génie, les bras levés, semble s’amuser de la danse lascive des bacchantes enlacées qui tournent au milieu des draperies virevoltantes ; à ses pieds, un putto couché agite joyeusement une marionnette.

Le groupe commencé en 1865 et dont on connaît différentes variantes et esquisses, est tout d’abord rejeté par Garnier. Celui-ci y voit certes un chef-d’œuvre, mais le style débridé et libre du groupe s’accorde mal avec l’ensemble de l’édifice. Après d’interminables discussions avec un Carpeaux passionné et intraitable, l’architecte accepte la sculpture. Lors de l’inauguration de l’opéra en 1869, la Danse crée un énorme scandale[1], la critique et une partie du public voyant dans le naturalisme et la liberté du groupe en marbre une atteinte vulgaire aux bonnes mœurs. La guerre de 1870 et le soutien inconditionnel de Théophile Gautier éteignent petit à petit la polémique et l’œuvre est considérée de nos jours comme un des tournants de l’Histoire de l’art, un jalon dans l’évolution du goût et un trait magistralement tiré sur les pudibonderies d’un XIXème siècle finissant.

Le plâtre que nous présentons est une rare épreuve du personnage principal du groupe sculpté de la Danse. Il n’en n’existe qu’un seul autre exemplaire de même dimension, acquis en 1913 par Robert de Rothschild à la vente de l’atelier Carpeaux et aujourd’hui conservé au Detroit institut of Arts (inv.1983.16). Notre Génie de la Danse, quant à lui, a été acquis directement auprès de Louise Clément-Carpeaux par les ascendants de l’actuel propriétaire en 1927. A ce sujet, Madame Clément-Carpeaux écrit le 21 novembre 1927 : « Monsieur, je vous accuse réception de vos deux chèques de cinquante mille francs, représentant l’acquisition du grand Génie de la Danse (haut.2m20), plâtre qui vient de figurer glorieusement au centenaire du maître à Valenciennes, épreuve unique du plâtre original que possède M. Robert de Rothschild » [2]. Les deux exemplaires existants, dont le notre, sont tirés du plâtre original à demi-grandeur, conservé au musée d’Orsay (inv. RF 818).

[1] A titre d’exemple, se référer à M.C.A. de Salelles, Le Groupe de la Danse de M. Carpeaux jugé au point de vue de la morale ou essai sur la façade du nouvel Opéra, Paris, Denti, Palais-Royal, Galerie d’Orléans, 1869.

[2] Lettre de Mme Clément-Carpeaux à M. X, accusant réception du paiement pour le Génie de la Danse, 21 novembre 1927.

06 juin 2018 Etude Thierry de Maigret - Paris Hôtel Drouot - salles 1-7 - 14h
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